Rebecca Moleray

 - Interview réalisée en Mars 2011 par le blog À demi-mot


Pour comprendre l’auteur, je pense qu’il faut d’abord comprendre la personne : tu es connue sur la blogosphère sous le pseudonyme de Sherryn, mais qui est donc la fameuse Rebecca Moleray ? Et est-ce ton vrai nom ou un autre pseudonyme ?
C’est un pseudonyme, je tenais à séparer ma vie publique de ma vie privée. Actuellement, je suis un apprentissage de libraire en Suisse. Dans la vie courante, je suis quelqu’un d’assez réservé et discret. Ma plus grande passion : les mangas.

Au niveau littéraire, as-tu un genre, un auteur ou un livre que tu aimes particulièrement – ou au contraire, que tu détestes ?
Je lis surtout de la fantasy, du fantastique ou de la SF. Depuis quelques années, je m’intéresse également à certains classiques, essentiellement du théâtre versé et des auteurs du début du XXème siècle. J’ai un peu de peine à apprécier la littérature contemporaine non fantastique, comme peuvent l’attester mes avis sur les blogs cités dans la question qui suit ; la seule exception concernant les romans gays.
Mon auteur préférée est sans doute Shan Sa, dont j’apprécie l’aisance littéraire dans de nombreux styles différents (sobre, poétique, lyrique, etc.) En fantasy, j’aime les romans d’Ursula Le Guin, là aussi à cause de sa plume, mais aussi pour la personnalité de ses récits, de ses personnages et de ses thèmes. Pour citer un auteur que je n’apprécie pas vraiment, je dirais Paul Coehlo. Sa philosophie ne me parle absolument pas.

Tu t’es donc dans un premier temps fait connaitre sur la toile avec plusieurs de tes blogs (sherrynromans – sherryn-livres – sherryn-lectures). Ces blogs t’ont-ils servis à ouvrir les portes du « monde littéraire » plus facilement, via des rencontres d’auteurs, des partenariats, etc… ?
Je possède quelques autres blogs, parmi lesquels sherrynmanga avec sa version site mangalire, malheureusement tous deux à l’abandon depuis que j’ai commencé mon apprentissage, pour cause de manque de temps pour m’en occuper. Il y a aussi mon site sur le yaoi boyslove, lui aussi en ralentissement mais qui connaît quelques mises à jour de temps à autre. Et il y en a d’autres encore, plus anecdotiques. Ces forums m’ont permis d’entrer en contact avec un auteur et son attachée de presse, et l’un de mes sites avec un éditeur de mangas. Les quelques partenariats auxquels j’ai participé sont plutôt le fait de forums sur lesquels je me suis inscrite. Du reste, en tant qu’apprentie libraire, je reçois parfois des services de presse et j’ai la possibilité de faire des emprunts. Cependant, ni mes contacts, ni les partenariats n’entretiennent un quelconque rapport avec la publication de mes livres. Ils ne sont pas en relation les uns avec les autres et beaucoup ignorent même que j’écris.

Finalement, quel est l’élément qui t’a poussée à devenir écrivain ? Une passion de toujours, une idée soudaine que tu avais envie de coucher sur papier, ou est-ce venu suite à la lecture d’un livre en particulier ?
J’ai commencé à raconter des histoires dès le jour où j’ai su écrire. Mes premiers récits parlaient d’animaux, surtout de chevaux ; je créais des cahiers où j’intercalais mes histoires avec du fourre-tout : dessins, jeux, collages, etc. Apprendre à écrire est venu plus tard, avec le Travail de Maturité que j’ai effectué durant un an sous l’égide d’un professeur de français. Par la suite, je n’ai eu de cesse de tenter de m’améliorer, et c’est encore ce que je fais.

A-t-il été difficile de trouver une maison d’édition ? Pourquoi avoir finalement choisi Edilivre.com ?
Démarcher des éditeurs est aléatoire et surtout, très cher. Entre les frais d’impression, de photocopies, de port et autres, il m’est vite apparu que je n’avais pas les moyens financiers d’arriver à mes fins par ce biais. Après avoir beaucoup réfléchi et discuté avec diverses personnes, j’ai revu mes ambitions avec davantage de modestie et j’ai choisi la voie qui m’a paru la plus rapide, la moins coûteuse et la plus avantageuse en termes de distribution.

Un de tes romans – Destins multiples – a par ailleurs été publié en auto-édition, via le site Edifree.fr : pourquoi ce choix ?
Ce roman est celui que j’ai écrit lors de mon Travail de Maturité en 2003-2004. Ma prof a été très efficace dans le sens où elle m’a vraiment appris les techniques d’écriture, les manières de travailler, les erreurs à éviter. C’est à elle que je dois d’avoir progressé par la suite et je lui en suis reconnaissante. Cependant, cette prof n’avait pas du tout les mêmes goûts littéraires que moi, aussi bien au niveau du fond que de la forme. Nos deux styles mélangés ont abouti à quelque chose qui, avec le recul, ne me satisfait pas. Qui plus est, j’étais malgré tout débutante et j’ai commis beaucoup d’erreurs, surtout dans la partie fantasy où j’ai aligné bon nombre de clichés que j’ai fuis par la suite ! À l’époque, ils étaient passé inaperçus du fait de la méconnaissance totale dans ce genre littéraire de la personne qui me suivait. D’un autre côté, il a longtemps été mon seul roman dont l’existence était officiellement reconnue. Il est toujours en dépôt à la Bibliothèque de mon Collège et il me paraissait logique qu’il existe lui aussi sous une forme plus « professionnelle » que ce que j’avais fait à l’époque. Mais ce n’est pas un titre que je tiens à mettre en avant.

Au final, à à peine plus de 20 ans, te voilà déjà avec 3 romans à ton actif. Ton premier roman publié – Passion de Sable (que j’ai d’ailleurs eu la chance de lire en partenariat avec toi et que j’avais adoré : merci beaucoup encore une fois !) – connait déjà un certain succès et a été accueilli par de très bonnes critiques. Est-ce que tu t’attendais à ce que toute cette aventure aille aussi vite ?
Je suis extrêmement heureuse que ce roman ait su plaire à ses lecteurs, d’autant qu’ils n’appartenaient pas tous au public visé. Mais je suis encore loin d’être une véritable écrivain. Mon travail à l’heure actuelle, est encore du travail d’amateur et j’espère parvenir par la suite à davantage de professionnalisme. Je continue d’y travailler.


À propos du roman Passion de Sable :

Pourquoi avoir choisi un sujet tel que l’homosexualité masculine ? Une cause qui te tient très à cœur ? Et pourquoi ne pas avoir traité ce sujet avec des personnages féminins, ce qui aurait peut-être été plus facile ?
Le yaoi (genre mettant en scène des histoires d’amour entre hommes) est une passion qui fait partie de ma vie depuis plus de sept ans déjà. Je suis profondément yaoiste et je l’assume totalement. Dès lors que j’étais yaoiste et auteur, il m’a très vite paru logique d’écrire des romans yaoi. J’avais jusque là écrit des fanfictions (visibles sur mon site Boys Love) ; de là au texte original, il n’y avait qu’un pas.

Ce roman est par-ailleurs enrichi avec un vocabulaire précis et maitrisé : as-tu réalisé des recherches (par exemple au niveau de l’anatomie) avant d’écrire ce roman ?
Je me suis servie d’un dictionnaire des synonymes quand l’inspiration me manquait. Les expressions qui ont exigé des recherches de ma part concernaient plutôt des comparaisons ou des métaphores : mes personnages ne pouvaient en effet pas utiliser d’expressions relatives à des éléments qu’ils ne pouvaient connaître du fait de leur localisation géographique d’inspiration désertique.

D’autre part, ce roman présente également deux scène d’amour, que plusieurs lecteurs – et je dois avouer en faire partie – ont trouvé trop explicites et parfois embarrassantes. Pourquoi avoir choisis d’intégrer ces scènes au récit de manière très détaillée, plutôt que de les suggérer de façon plus subtile ?
J’ai cherché avant tout à écrire un roman que j’aurais aimé lire moi-même. En tant que yaoiste et lectrice, les scènes explicites sont un élément que j’apprécie et que je recherche assidûment dans mes choix de lecture, même si j’apprécie également les scènes suggérées (lesquelles ne m’empêchent cependant pas de me sentir frustrée quand même). Mon roman étant clairement de genre yaoi et destiné à un public mature et yaoiste, ces scènes me paraissaient indispensables, moins en tant qu’auteur qu’en tant que lectrice. J’ai fait de mon mieux pour les insérer aux endroits adéquats. Toutefois, il ne m’était pas venu à l’esprit que des personnes ne faisant résolument pas partie du public visé, seraient tentées de lire mon livre quand même et plus encore, de poser leur candidature au partenariat mis en place sur mon blog. Cela m’a réellement étonnée. Je suis néanmoins convaincue que ces personnes savent assumer leur choix de lecture, dont la nature n’a jamais été dissimulée.

Enfin, parlons de l’ambiance générale de ce livre : d’où t’es venu l’inspiration pour un tel univers ? Des idées piochées dans d’autres romans de fantasy, dans de vrais lieux terrestres, ou au sein d’une imagination débordante ?
Les Déserts sont endroits que je trouve magnifiques ; de plus, quelque temps avant d’entamer l’écriture de Passion de Sable, je m’étais prise d’un intérêt subit pour les chameaux. C’est idiot, mais je voulais qu’il y ait un chameau dans mon roman… ainsi qu’un autre animal de monte, un animal atypique et cornu : après m’être un peu documentée, j’ai choisi l’oryx. Les Déserts existant sur lesquels je me suis renseignée afin de mettre en scène un univers crédible sont essentiellement le Sahara et le Kalahari. Les peuples habitant ce monde se sont quant à mis naturellement en place dans mon imagination après que j’aie élaboré les premières lignes de l’intrigue.


À propos des autres romans :

Pourrais-tu nous parler un peu de tes deux derniers romans parus récemment : À la fin des temps & Destins Multiples ?
Tous deux sont des œuvres plus anciennes que Passion de Sable. J’avais déjà commencé À la fin des temps au moment d’entamer Destins multiples ; pour des raisons de longueur de récit, il m’était impossible de faire de ce premier jet mon Travail de Maturité et c’est pourquoi j’ai préféré me consacrer à un roman distinct. J’ai toutefois repris certains éléments d’À la fin des temps, dont le plus évident est bien sûr la présence de Ziaka dans les deux œuvres à la fois. Il s’agit bien du même personnage, à des époques différentes. Aucun des deux ne contient de yaoi, quoique j’aie tenté d’en insérer subtilement mais j’ignore si cela se verra. Avant la publication chez Edilivre et Edifree, j’ai corrigé à fond une dernière fois ces deux romans. D’où une publication plus tardive que Passion de Sable, écrit pour sa part à une époque où j’étais plus mature littérairement et qui nécessitait donc beaucoup moins de corrections.

Est-il plus difficile de trouver de l’inspiration une fois ses premières idées de romans couchées sur papier, ou au contraire prend-on l’habitude de rechercher de nouvelles idées ? Et d’autres romans sont-ils en préparation ?
Quand on a l’envie d’écrire, c’est forcément par désir de raconter quelque chose ; les idées sont donc présentes à l’origine, encore faut-il savoir les mettre en forme. En ce qui me concerne, ma principale difficulté est de ne pas me disperser : ne pas entamer de nouveau projet avant d’avoir fini l’autre (ce qui est le meilleur moyen pour n’achever aucun des deux), ne pas surcharger mon œuvre en cours, etc. Plutôt que d’en avoir, ma priorité serait donc plutôt de les réfréner. Je suis actuellement en train d’écrire un nouveau roman yaoi, dont le sujet sera une histoire entre un humain et un démon pourchassé par les autorités.


En espérant que tout ceci ne soit que le début d’une longue carrière d’écrivain, et que chacun de ses romans remporteront un franc succès ! Merci beaucoup à Rebecca Moleray d’avoir pris le temps de répondre à ces questions !

(propos recueillis par Camille F.)



Retrouvez Rebecca Moleray sur son site perso

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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